POUVOIR D'ACHAT

Publié le par alain laurent-faucon



Quand l'avoir c'est l'être et que le mode d'être se résume à une autre forme de « capabilité », celle d'acheter et de consommer ... S'inscrit, dans la notion même de « pouvoir d'achat », une unidimensionnalité de l'être qui ne choque plus personne, tant l'idéologie de la société de marché est devenu un nouvel
« habiter ». Acheter l'accessoire devient tout aussi important que satisfaire ses besoins les plus immédiats, depuis que les représentations mentales du « on » - façonnées par les stratégies mercatiques et publicitaires - réduisent l'être à un paraître.

A côté des revendications essentielles, qui relèvent de cette dignité humaine non négociable, à savoir : un salaire décent afin de pouvoir vivre dignement - c'est-à-dire un salaire permettant de faire face aux dépenses auxquelles on ne peut échapper, et permettant également de vivre sans avoir toujours peur de manquer - se surajoute la nécessité de consommer d'avantage, d'acheter toujours plus, afin d'être « comme tout le monde ».

Ces propos ne sont vraiment pas ceux d'un nanti, bénéficiant du superflu. Je fais partie de la catégorie socio-professionnelle des intellectuels précaires... Cela rappelé pour couper court aux réflexions des donneurs de leçon, il y a, dans la notion même de
« pouvoir d'achat », quelque chose de réducteur et d'assez pitoyable : non seulement, de nos jours, le salariat devient de plus en plus un précariat transformant les personnes qui travaillent en variables d'ajustement – n'oublions pas qu'elles sont déjà des « charges sociales » (sic) - mais le « vivre mieux » n'est qu'une capacité plus ou moins grande à pouvoir acheter, c'est-à-dire à pouvoir consommer.

En d'autres termes : vivre mieux, c'est acheter plus ! Émerge ainsi une autre
  servitude volontaire, entretenue par l'idéologie néo-libérale, et qui se nourrit des frustrations et ressentiments des classes moyennes face aux nantis et aux privilégiés, même et surtout quand ceux-ci sont de simples cheminots ! En faire des boucs-émissaires est l'un des plus beaux coups médiatiques et démagogiques de la droite bling bling. Au point que le « bon peuple » s'est trompé de combat et qu'il va demain se réveiller encore plus nu. C'est bel et bien un « viol des foules par la propagande politique », pour reprendre le titre du célèbre ouvrage de Serge Tchakhotine.

Après cette mise au point sous forme de billet d'humeur – j'espère que cela déclenchera chez vous tout un tas de questions, car, ne l'oubliez pas, vous devez penser par vous-même et non régurgiter des savoirs mal digérés dans des plans préfabriqués et appris par coeur -, je vous soumets ce dossier de presse extrait du quotidien La Croix et dû à l'excellent travail de la journaliste Marie Dancer. Ce dossier vous donnera, en effet, un aperçu d'ensemble des notions et approches que vous devez absolument connaître.






DOSSIER DE PRESSE




 LA CROIX – 28/11/2007 - Dossier réalisé par Marie DANCER
 
 


Qu'est-ce que le pouvoir d'achat
?


Sa définition

L’Insee définit l’évolution du pouvoir d’achat comme l’évolution du « revenu disponible brut » rapportée à celle du « prix de la dépense de consommation des ménages ». Cette deuxième composante correspond aux prix des biens et services consommés au cours de la période, en tenant compte de l’inflation. Le « revenu disponible brut » (RDB) comprend les revenus d’activité (les salaires ou les bénéfices des entrepreneurs individuels), les revenus du patrimoine (dividendes, intérêts et loyers), et les prestations sociales (allocations familiales, minima sociaux, pensions de retraite, indemnités de chômage, etc.), ainsi que certains transferts (comme les indemnités d’assurance nettes des primes). Pour obtenir le RDB, il faut additionner ces éléments puis en déduire les impôts directs (impôt sur le revenu, taxe d’habitation, CSG, CRDS).


Son évolution à long terme


Sur longue période, le pouvoir d’achat des ménages a évolué quasiment au même rythme que la croissance du PIB. On peut distinguer plusieurs phases : de 1959 au premier choc pétrolier (1973), le pouvoir d’achat des ménages progresse vivement (5,7% par an) alors qu’après 1974 sa hausse est plus modérée (2,1% par an). De 1998 à 2002, le pouvoir d’achat a crû de 3,4% par an, à la faveur d’une activité bien orientée. Depuis, il a globalement ralenti, + 1,9 % par an environ. Ce ralentissement s’explique d’abord par une décélération des revenus d’activité en valeur (moindre progression de l’emploi) et par un surcroît d’inflation.

[...]


Grand écart entre chiffres et sentiment des Français




Les ménages estiment que leur pouvoir d'achat se détériore, alors que l'Insee l'affiche en hausse ininterrompue. Explications


Les Français ont-ils eu raison avant les chiffres ? Alors que les ménages râlent depuis plusieurs mois contre la vie chère, les indicateurs de l’Insee commencent à aller dans leur sens : en octobre, l’inflation a atteint 2 % (en rythme annuel), du jamais-vu depuis mai 2006. Mais au-delà des « sautes d’humeur » de la conjoncture, l’institut national des statistiques continue à dire que le pouvoir d’achat progresse sans arrêt, et table sur 3,2 % pour 2007.

Pourquoi un tel décalage avec ce que ressentent les ménages ? « Les consommateurs sont plus sensibles aux prix des produits qu’ils achètent souvent et qui sont aujourd’hui en forte hausse (baguette, café, essence…), qu’aux baisses sur les étiquettes des ordinateurs, téléviseurs… acquis ponctuellement », avance Jean-Louis Lhéritier, chef du département des prix à la consommation, des ressources et des conditions de vie des ménages de l’Insee.

À l’UFC-Que choisir, François Carlier met aussi en cause la « méthode de fabrication » de l’Insee : « Les experts évaluent les produits à qualité constante. Du coup, ils expliquent, par exemple, que le prix des téléviseurs diminue, car ils se basent sur les modèles à écran cathodique. Mais aujourd’hui, tout le monde achète des écrans plasma, qui sont objectivement plus onéreux, explique ce responsable de l’association de consommateurs. Pas de problème tant que le client a le choix. Mais le jour où les écrans plasma commencent à être les seuls à avoir droit de cité dans les rayons… »


Les dépenses "contraintes" de plus en plus nombreuses

En outre, les moyennes ne reflètent pas les disparités. Familles monoparentales, personnes seules… certaines catégories ont plus souffert que d’autres. Pour Alexander Law, chef économiste à l’institut Xerfi, « les ménages les plus modestes et ceux des classes moyennes – qui gagnent entre 1,5 et 2,5 smics – ont effectivement vu leur pouvoir d’achat stagner, voire reculer ».

Aujourd’hui, ces mêmes foyers subissent de plein fouet la hausse du prix des carburants ou de l’alimentaire, et le poids croissant des dépenses de logement, qui peuvent représenter jusqu’à 30 à 40 % de leur budget.

De fait, la part de toutes ces dépenses « contraintes », auxquelles on ne peut échapper, grandit. C’est d’autant plus vrai si l’on y inclut les télécommunications (Internet, téléphone portable…) : certes, il ne s’agit pas là de produits de première nécessité mais ils font désormais partie du « standard de vie moyen », auquel les classes moyennes peuvent prétendre… avec de plus en plus de difficultés.


Créer un indice des prix élargi

« Les nouveaux besoins sont source de frustration », décrypte ainsi Robert Rochefort, auteur d’un rapport du Conseil d’analyse économique intitulé Mesurer le pouvoir d’achat. Philippe Moati, coauteur du rapport, renchérit : « La consommation est le résultat d’une norme sociale qui évolue et que l’indice des prix ne permet pas de mesurer. Pour réconcilier réalité et ressenti, nous avons donc besoin d’indices nouveaux », conclut ce professeur d’économie à Paris VII.

Comment changer de thermomètre ? Philippe Moati et Robert Rochefort suggèrent de créer un indice des prix élargi permettant de mieux prendre en compte le coût de l’immobilier, ainsi que des indicateurs spécifiques à certaines catégories pour affiner le « diagnostic ». La ministre de l’économie, Christine Lagarde, a lancé une commission de travail en ce sens le mois dernier. Mais les Français s’impatientent. Nicolas Sarkozy va tenter de leur donner du grain à moudre… en attendant le fameux « point de croissance qui manque à la France ».

Marie DANCER



Les salaires augmentent mais pas tous


Les rémunérations des salariés à temps complet ont augmenté de 1,2 % en 2006. Mais, en tenant compte des emplois précaires, le revenu moyen n'a pas bougé depuis 1978


Les syndicats le martèlent : pour accroître le pouvoir d’achat, rien ne vaut l’augmentation salariale. Est-ce à dire que les salaires se sont mal tenus ces dernières années en France ? Tout dépend de ce que l’on mesure, répond l’Insee, qui publie aujourd’hui son enquête annuelle sur les salaires.

Premier constat : en 2006, le « salaire de base moyen », qui évalue la moyenne des salaires versés pour un temps complet dans les entreprises de plus de 10 salariés du secteur privé, a augmenté de 1,2 % en « euros constants », c’est-à-dire une fois déduite l’inflation. D’après Michel Amar, chef de la division salaires et revenus d’activité, cette hausse est même « légèrement mieux orientée qu’en 2005 » (0,9 %) et supérieure au rythme constaté entre 2000 et 2005 (+ 0,5 % par an en moyenne).

Toutefois, ce rebond récent des salaires, qui s’explique par l’embellie de l’emploi, n’est pas aussi sensible pour tout le monde. Ce sont les ouvriers (+ 1,4 % en 2006) et les employés (+ 1,3 %) qui en profitent le plus. Notamment parce que le smic, qui les concerne particulièrement, bénéficie d’une revalorisation annuelle (+ 3 % en 2006) plus favorable que la progression du salaire moyen.

À l’inverse, les salaires (hors primes) des professions intermédiaires (+ 1 %) et des cadres (+ 0,9 %) ont moins progressé. Quant aux fonctionnaires, leur évolution est encore moins fameuse (– 0,1 % par an entre 2000 et 2005 dans la fonction publique d’État, + 0,3 % dans la fonction publique hospitalière, + 0,2 % pour la territoriale).


31% des salariés à temps non complet

Enfin, si les personnes à temps complet voient bien leur salaire progresser, ce n’est pas le cas de tout le monde. Car, explique l’Insee, les emplois « à temps non complet » (temps partiel et emplois précaires) sont en nette augmentation : ils concernent désormais 31 % du salariat, contre 17 % en 1978.

Pour tenir compte de ce phénomène, l’Insee a créé l’an dernier un nouvel indicateur, le « revenu salarial annuel moyen » qui agrège le salaire horaire moyen, la durée hebdomadaire du travail et le nombre de semaines travaillées dans l’année. Or, ce revenu salarial moyen tombait en 2005 à 16 100 € pour les salariés du privé, soit 29 % de moins que la moyenne des postes à temps complet.

Surtout, il « est resté stable en euros constants de 1978 à 2005 » pour l’ensemble des salariés du privé et du public. Voilà qui explique un peu mieux le scepticisme des Français vis-à-vis des chiffres du pouvoir d’achat.


Projet de loi Chatel sur la consommation

Les députés ont adopté mercredi 28 novembre le projet de loi Chatel sur la consommation. Cette réforme de la loi Galland, autorise les grandes surfaces à répercuter, au profit des consommateurs, la totalité des réductions qu'elles négocient auprès de leurs fournisseurs

Lire le projet de loi - Source : site de l'Assemblée nationale

Consulter la loi Galland - Source : Légifrance




Le pouvoir d'achat au coeur des grèves

Sur fond de conflits sociaux, la question du pouvoir d'achat reflète un mécontentement réel. Le gouvernement s'apprête à annoncer une série de mesures. Mais ses marges de manoeuvre sont étroites


Et revoilà la question du pouvoir d’achat sur le devant de la scène : dans les supermarchés, la valse des étiquettes sur les produits alimentaires se poursuit, entraînée par l’envolée des matières premières, tandis que le prix de l’essence à la pompe fait les frais d’un baril de pétrole qui tutoie les 100 dollars. Signe des temps, les indicateurs nationaux, jusqu’alors insensibles, commencent à refléter cette tendance, et même les banques centrales expriment leur inquiétude. « Je pense que nous devons encore faire davantage pour augmenter le pouvoir d’achat des plus modestes », soulignait le député UMP d’Ille-et-Vilaine, Pierre Méhaignerie, vendredi, dans un entretien aux Échos.

Les prochaines échéances électorales, notamment municipales, se joueront sur l’amélioration de l’emploi mais aussi sur la perception des inégalités de la société française. C’est le seul point qui peut nous faire chuter. »

Nul doute, en tout cas, que les fonctionnaires, qui ont fait du pouvoir d’achat la revendication centrale de leur grève mercredi 21 novembre, trouveront là du grain à moudre… Mais les agents publics ne sont pas les seuls à avoir le sentiment de ne plus joindre les deux bouts.

Face à une opinion particulièrement impatiente sur ce sujet, le gouvernement semble avoir pris conscience du danger et travaille aujourd’hui à la présentation d’une série de mesures rapides, que le président de la République, Nicolas Sarkozy, pourrait annoncer dès cette semaine. Une manière de déminer le terrain social et d’éviter l’accumulation des mécontentements, en pleine grogne sur la réforme des régimes spéciaux.

Pour Robert Rochefort, directeur du Crédoc, « ce sujet économique est devenu éminemment politique et appelle quelques réponses urgentes avant Noël ». Mais que peut-on faire et dans quels délais, alors que la croissance française reste molle et les déficits importants ? Dans ce domaine, celui qui s’est proclamé « le président du pouvoir d’achat » n’a pas forcément les coudées franches et son volontarisme risque de se heurter aux réalités de terrain. Tour d’horizon.


Peut-on faire baisser les prix ?

Une manière d’augmenter la capacité d’achat des ménages est de baisser les prix. Mais l’État en a-t-il les moyens puisque ceux-ci sont libres ? Avec la réforme de la loi Galland, qui régit les relations entre la grande distribution et ses fournisseurs, le gouvernement tente d’apporter une réponse à l’opinion en autorisant les grandes surfaces à répercuter, au profit des consommateurs, la totalité des réductions qu’elles négocient auprès de leurs fournisseurs.

Pour défendre mercredi son projet de loi à l’Assemblée nationale, le secrétaire d’État à la consommation Luc Chatel compte rappeler qu’en 2005 une première réforme de la loi Galland a réduit les prix des produits de marque de 3,2 %.

« Certes, reconnaît Philippe Moati, professeur d’économie à Paris-VII, mais les produits concernés ne représentent que 20 % du panier de la ménagère, l’impact sera donc limité. » Les enseignes de la distribution, elles, soutiennent que les prix ne diminueront pas tant que l’État ne leur donnera pas une liberté totale de négociation avec leurs fournisseurs.

La loi de modernisation de l’économie, prévue pour mi-2008, devrait également revoir les lois Royer-Raffarin, qui encadrent l’implantation de nouvelles grandes surfaces, afin d’introduire davantage de concurrence entre les enseignes.

Toujours pour accroître la concurrence et faire baisser les prix, le texte pourrait élargir l’accès aux professions aujourd’hui réglementées (taxis, vétérinaires…). Mais les effets attendus en faveur de la croissance ne devraient pas intervenir avant plusieurs mois.

Cela n’empêchera pas non plus l’envolée du prix des matières premières énergétiques et agricoles. Et si le pétrole continue sa progression, le niveau élevé de l’euro ne pourra bientôt plus amortir le choc. En demandant il y a quelques jours aux groupes pétroliers d’étaler dans le temps la répercussion des hausses, la ministre de l’économie Christine Lagarde n’a-t-elle pas signifié son impuissance ?

Le récent doublement de la « prime fioul », pour aider les ménages modestes à se chauffer, fait figure de rustine. Même la taxe pétrolière (TIPP) flottante n’amortirait le choc qu’à la marge, si elle était rétablie. Et depuis le Grenelle de l’environnement, toute mesure encourageant la baisse du prix de l’essence devient politiquement incorrecte.

Reste le logement, qui pèse 30 % du budget des ménages. Là encore, peu de solutions de court terme…. Devant l’urgence toutefois, Robert Rochefort, du Crédoc, adresse une suggestion au gouvernement : « Pendant un an, les loyers devraient suivre l’indice des prix à la consommation, ce qui serait plus favorable aux locataires que l’indexation actuelle. »

Le problème principal reste la pénurie de logements puisque c’est elle qui fait flamber les prix. Outre le déblocage de fonds – le gouvernement vise la construction de 500 000 logements par an dont 120 000 logements sociaux –, la commission Attali de libération de la croissance suggère de donner plus de pouvoirs à l’État pour libérer des terrains constructibles. Un chantier de longue haleine…


Peut-on augmenter les salaires ?

Si on ne peut pas baisser les prix, pourquoi ne pas augmenter les salaires ? Oui mais l’État n’a pas la mainmise sur les rémunérations du privé. En outre, les fonctionnaires, qui réclament en vain une augmentation générale, considèrent que leur employeur est loin d’être un modèle…

« La seule marge d’action de l’État sur le privé est la fixation du smic », explique Éric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Seulement voilà, ces dernières années, le « coup de pouce » donné, chaque 1er juillet, au salaire minimum « n’a pas entraîné la hausse des autres salaires », constate l’économiste.

Dépourvu de moyens directs, l’État peut se rabattre sur la réglementation : le président de la République a ainsi « menacé » les entreprises de conditionner les aides publiques à l’emploi à la tenue de négociations salariales dans les entreprises – une obligation que toutes ne respectent pas, soulignent les syndicats. « L’idée est bonne mais difficile à appliquer, car les situations varient d’un secteur et d’une entreprise à l’autre », estime Éric Heyer.

Au final toutefois, les économistes s’accordent à dire que les hausses de salaires ne se décrètent pas. « Seules des augmentations de productivité permettent d’entraîner les salaires, souligne Mathilde Lemoine, directrice des études à la HSBC. Cette économiste préconise donc à moyen et long terme d’accroître la productivité dans les services dominants en France, en investissant dans les nouvelles technologies ou encore la formation.

« La clé, conclut Éric Heyer de l’OFCE, c’est la croissance, et le niveau de chômage. Quand nous aurons atteint le plein-emploi, le rapport de force pour négocier la rémunération jouera en faveur des salariés, on l’observe déjà dans des secteurs en manque de main-d’œuvre comme l’informatique… »

En attendant, quelques mesures peuvent être envisagées : « Il faut autoriser la transformation de jours de RTT ou de congés en salaire », estime Robert Rochefort. Sauf que le paiement de ces jours n’est pas toujours provisionné, comme on l’a récemment vu dans les hôpitaux.

Le ministre de la fonction publique, Éric Woerth, a ouvert cette possibilité aux fonctionnaires… pour quatre jours seulement, rigueur budgétaire oblige. Enfin, Nicolas Sarkozy permet, depuis le 1er octobre, de « travailler plus pour gagner plus », avec la détaxation des heures supplémentaires.


Peut-on utiliser la fiscalité ?

Nicolas Sarkozy – et Jacques Chirac avant lui – fait de la baisse des prélèvements obligatoires une priorité. « Le problème, c’est que la baisse de l’impôt sur le revenu rend du pouvoir d’achat à une catégorie de population qui n’en a pas forcément le plus besoin », explique Éric Heyer. En outre, pour Nicolas Bouzou, du cabinet Astérès, « l’état de nos finances publiques ne nous autorise à diminuer aucun impôt ».

S’il veut toucher les foyers plus modestes, le gouvernement peut décider d’augmenter la prime pour l’emploi (NDLR : elle s’élève aujourd’hui à 300 € pour un smic). Cet outil, conçu pour inciter à reprendre ou à poursuivre une activité professionnelle (à l’image du revenu de solidarité active voté cet été), est devenu au fil du temps un instrument au service du pouvoir d’achat. L’intérêt est qu’il s’adresse aussi aux ménages non imposables, puisqu’il s’agit d’un crédit d’impôt. Objection là aussi : le mauvais état des finances publiques.


Peut-on augmenter les prestations sociales ?

Parce que le pouvoir d’achat ne dépend pas que du salaire, le niveau des prestations sociales (allocations familiales, RMI…) peut être un moyen d’influer sur le pouvoir d’achat. D’autant que les populations qui en dépendent ne sont pas forcément bénéficiaires des dispositifs fiscaux. Toutefois, explique Nicolas Bouzou, « l’exemple des franchises médicales montre que l’on s’oriente plutôt vers la voie inverse ».

À l’OFCE, Éric Heyer ne se dit pas opposé à une revalorisation des allocations. « Mais attention à ne pas décourager la reprise d’une activité professionnelle, insiste-t il. Pour les femmes par exemple, il vaudrait mieux les aider à faire garder leurs enfants, construire des crèches… pour qu’elles puissent travailler. »

Régler la question du pouvoir d’achat ne serait donc possible que dans la durée ? « Il faut faire preuve de pédagogie auprès des Français, résume Éric Heyer, et leur expliquer que cela prendra du temps. »

Marie DANCER


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